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L'apiculture

par artisancirier-cerata

publié dans Les abeilles

 

L'apiculture
Fichier:Pieter Bruegel the Elder - The Beekeepers and the Birdnester -  WGA03528.jpg — Wikipédia
Pieter Bruegel (1568) - Les apiculteurs
 
L’art d’élever et de soigner les mouches à miel en vue d’obtenir du miel et de la cire, se pratique depuis des millénaires.
 
Les abeilles (Apis mellifera) émerveillent l’homme. Dès l'origine, il lui a voué un grand respect.
Leur vie communautaire, leurs travaux, et la ferveur qu’elles emploient deviennent un modèle pour la société.
 
 
St Ambroise (mort en 397) est le patron des apiculteurs et est toujours représenté avec une ruche. Il est dit que ses paroles étaient douces comme le miel et que les abeilles qui essaiment apportent la parole de Dieu.
« Mange du miel mon fils,
   car il est bon» (proverbe de Salomon)Le Miel, les Abeilles et Saint Ambroise – Créativité-Naturopathie, Le Blog
 
Les abeilles ont leur place dans de nombreuses religions et rites. Que ce soit chez les chrétiens, les juifs, les musulmans, indous etc…, les abeilles ont une place divine !
Eglises et monastères encouragaient l'apiculture et prélevaient des dîmes ou des redevances sous formes de miel et de cire.
 
L’abeille est sujet de mythes, croyances, superstitions et rêves. Des vestiges d’abeilles ont été découverts dans de l’ambre datant de l’ère tertiaire, soit des milliers de siècles avant  l’apparition de l’homme.

Les textes les plus anciens parlant de ces merveilleuses créatures, datent des civilisations gréco-latines : ex : Aristote (IVème s. av. J.-C.), Hérodote (Vème siècle av. J.-C.), … Les plus vieilles illustrations de reproductions d’abeilles se trouvent sur des pièces de monnaies, des papyrus,  des peintures rupestres et murs de temples.

                        Monnaie Ephèse

Monnaie grecque frappée à Ephèse vers 380 av. J.-C.

 
Déjà dans la mythologie grecque, la déesse "Arthemis", protectrice des parturientes, est parfois représentée avec un abdomen d'abeille.
Il y a également la légende de la naissance des abeilles (essaims sortis de ventres de taureaux et génisses sacrifiées). Dans l’ancien testament, un passage rapporte que du  ventre d’un lion terrassé par  Samson sorti un essaim et du miel…

Dans l’Egypte ancienne, les hiéroglyphes relatent que les égyptiens faisaient grand usage du miel.
 
Un merveilleux manuscrit enluminé du livre des "Très riches heures du Duc de Berry" (1416) représente le mois de février où des ruches en paille tressée font partie intégrante du paysage agricole (Musée de Condé, Chantilly).
 
Symbole de royauté, les abeilles suivent la reine, tels les sujets obéissent au roi. La royauté française est également très souvent représentée par des abeilles.

La ruche étant le modèle idéal de la monarchie absolue.
 
Les 300 abeilles d’or retrouvées dans le tombeau de Childéric Ier (mort en 481), témoignent de ce symbolisme. Elles mettent en question, avec les premières gravures, la thèse selon laquelle le symbole de la fleur de lys (emblème royal) ne serait qu’une abeille stylisée !

Napoléon Ier avait souhaité que le manteau de son sacre soit recouvert d’abeilles et que ces dernières soit omniprésentes jusqu’au motif de ses tapis ! (château de Malmaison)
 
Les ruches étaient faites soit de tronc d’arbres, de corbeille en osier ou en paille, recouvertes d'argile ou de fumier.
 
Dans une ruche, on ne dénombre pas moins de 30’000 à 60'000 abeilles (plus selon les ruches), soit en détails :
  • La Reine, seule femelle de la maisonnée, qui vit entre 3 et 5 ans, et pond entre 300 et 2'000 œufs par jour, soit environ 500'000 œufs durant sa vie. Elle est nourrie uniquement à la gelée royale.
  • Des faux-bourdons, les mâles, qui ne font rien, se perdent avec volupté dans leur oisiveté quotidienne. Leur seul boulot est de fécondé la reine, rôle étant donné à deux ou trois bourdons, mais dans un seul et unique vol nuptial !! Ils sont en nombre de 0 à 500 spécimens par ruche. Ils ne possèdent pas de dard, ils échappent donc au rôle de gardes. Si la ruche venait à avoir faim, les abeilles les chassent purement et simplement de la maison! De ce fait, ils mourront de faim car, comble de fainéantise, ils sont incapables de se nourrir.
  • Des ouvrières ou abeilles communes, tantôt nourrices,  nettoyeuses, abeilles cirières, gardiennes, récolteuses / butineuses, dès leur naissance, s’épuisent au travail. Ces dernières ne vivent pas au delà de 3 semaines en pleine saison. Une ouvrière parcourt env. 100'000  km durant sa vie, soit l’équivalant de 2,5 fois le tour de la terre. Les seules qui vivent un peu plus longtemps sont celles qui passent l’hiver auprès de la reine.
 
Une bonne colonie mange pour sa consommation personnelle environ 50 kg de miel et 20 kg de pollen par année.
 
Pour récolter le miel et la cire, on chassait les abeilles en les enfumant.
 
Les anciens utilisaient le miel et la cire dans de nombreuses préparations. Depuis Hippocrate jusqu’à nous, le miel est considéré comme un grand remède.
Les propriétés médicinales du miel, pollen et venin sont en grands nombres, bon reconstituants, ils étaient reconnus comme antidotes et soulageaient bon nombre de maladies, inflammations, plaies et allergies.
 
Le pollen et le couvain, eux, étaient source de protéïnes.
 
Pendant l'antiquité et jusqu'au moyen-âge, le miel représentait la seule façon de sucrer les aliments (pain d'épices, le vin, la bière) et on en faisait une merveilleuse boisson des Dieux : l'hydromel   !
Le miel sera d'ailleurs meilleur marché que le sucre jusqu'au XIXème siècle.
 
 

L’abeille est aussi symbole de l’âme, de l’amour et de la virginité, symbole de pureté et de fécondité
 
« Rêver d’essaims est un signe d’abondance et de fortune »
L'apiculture
Point fort
Une apicultrice jurassienne œuvre pour préserver l’abeille suisse

À Mervelier (JU), Véronique Mertenat compte parmi les rares éleveurs romands de la race indigène Apis mellifera mellifera. Elle nous ouvre ses ruches alors qu’est célébrée ce 20 mai la Journée mondiale des abeilles.  

 

Son nom latin est Apis mellifera mellifera, mais on l’appelle plus communément «abeille noire», du fait de sa robe sombre. Installée en Suisse depuis plusieurs siècles, cette seule et unique race indigène a été supplantée ces 150 dernières années par des concurrentes européennes jugées plus dociles et assidues au travail. La Suisse romande ne compte ainsi que trois ou quatre éleveurs de cette abeille aujourd’hui en sursis. Dont Véronique Mertenat, à Mervelier (JU), qui fait figure d’irréductible.

Mauvaise réputation
Depuis dix ans, cette apicultrice passionnée ne jure que par ses «petites noires», comme elle les appelle affectueusement. «Quand j’ai démarré mes ruches en 2010, c’était avant tout dans le but de contribuer à leur préservation.» En dehors de ses colonies d’Apis mellifera carnica, qu’elle élève en parallèle, la Jurassienne possède aujourd’hui une douzaine de ruches dédiées à l’abeille noire. Un travail de patience et de persévérance, car Apis mellifera mellifera a mauvaise réputation dans le milieu apicole. Sa langue plus courte ne lui permettrait pas de butiner certains trèfles et son instinct de reproduction très marqué en fait une redoutable essaimeuse. On la dit aussi plus agressive et moins productive que la buckfast ou Apis mellifera carnica, les deux espèces les plus répandues dans le pays. «Dans le Jura, l’abeille noire était encore très commune jusque dans les années 1970. Puis sont arrivées des reines d’Europe de l’Est, recherchées pour leur douceur, mais surtout une race d’Italie, connue pour être très productive. Leurs croisements spontanés avec l’abeille noire ont donné naissance à des hybrides effectivement agressifs. Mais les individus de pure souche sont très calmes et leur miel excellent», assure Véronique Mertenat.

Ruches tests
Secondée par son époux, Louis, apiculteur depuis toujours, l’éleveuse a pu compter sur les conseils d’une biologiste spécialisée pour lancer son premier rucher test en 2010. Aujourd’hui, elle a la «garde» de 12 reines prêtées par Mellifera, l’association suisse active dans la préservation de l’abeille noire. Issues d’une station de fécondation isolée à 10 kilomètres à la ronde de tout rucher d’autres espèces, afin de garantir la pureté de la race, ces reines sont soumises à de nombreux tests tout au long de l’année. «Je dois notamment juger leur douceur lors de la manipulation des cadres, leur aptitude à pondre de beaux couvains ou encore à constituer une couronne de nourriture régulière. J’évalue aussi leur instinct de nettoyeuses en tuant 50 larves et en vérifiant huit heures après que tout soit propre. Les meilleurs éléments repartent généralement chez leur éleveur après un an et demi et sont destinés à la reproduction en station.»

80 francs pour une reine
En dehors de ces douze ruches tests, Véronique Mertenat accueillera bientôt une dizaine de reines à elle, que l’apicultrice a réservées auprès d’éleveurs alémaniques. Un investissement important, car une seule coûte entre 60 et 80 francs à l’achat. Expédiées individuellement par la poste dans des cagettes en plastique perforées de la taille d’un paquet de cigarettes, ces reines préalablement fécondées par des mâles noirs seront toutes escortées par trois ou quatre ouvrières destinées à les nourrir durant le trajet avec le candy, sorte de sucre épais mis à disposition dans la boîte. «Une reine est incapable de se nourrir seule. Sans ouvrières, son espérance de vie ne dépasse guère l’heure», rappelle Véronique Mertenat. Les futures reines de l’apicultrice rejoindront ses ruches de carnica. Pour faire accepter une arrivante étrangère par la colonie, Véronique Mertenat doit sacrifier celle qui est en place et écraser son corps contre la cagette accrochée sur un rayon, de manière à diffuser ses phéromones avec celles de la nouvelle venue. C’est ce qui permettra aux ouvrières carnica de la nourrir, avant de passer le témoin aux futures filles de la jeune reine. Celle-ci ne ressortira jamais de la ruche: une seule fécondation par un nuage de faux-bourdons lui permet d’emmagasiner dans sa spermathèque de quoi pondre 2000 œufs quotidiens tout au long de sa vie. L’ancienne colonie de carnica cédera donc rapidement sa place à l’abeille noire. Car une ouvrière ne vit que 30 jours, contre 4 ans pour une reine. Une espérance de vie prolongée qu’elle doit à son régime d’exception, constitué à 100% de gelée royale. C’est cette alimentation très riche en protéines qui donne aussi à la reine sa taille imposante. Convaincue par les nombreuses qualités des abeilles noires, Véronique Mertenat prévoit, à terme, de n’élever plus qu’elles dans ses ruches. Elle souhaite aussi redorer l’image de ces butineuses locales en incitant d’autres apiculteurs à se lancer. «Ce sont non seulement des pollinisateurs importants, mais aussi une partie de notre patrimoine suisse. Leur préservation est désormais urgente si nous ne voulons pas voir disparaître la race.»

Texte(s): Aurélie Jaquet
Photo(s): Guy Perrenoud
Âpre concurrence

Les deux races les plus répandues dans les ruches suisses sont Apis mellifera carnica et la buckfast. La première, aussi appelée carnica ou carniolienne, doit son nom à l’ancienne région du duché de Carniole, territoire aujourd’hui slovène, d’où elle est originaire. On retrouve cette abeille dans toute l’Europe centrale; elle est appréciée pour ses performances de butineuse, sa douceur et sa bonne résistance aux maladies. La buckfast est issue du croisement de nombreuses souches d’Apis mellifera par Frère Adam, moine bénédictin de l’abbaye de Buckfast (Angleterre), qui créa cette race après avoir vu ses colonies décimées par l’acariose des trachées.

Glaris, sanctuaire de l’abeille noire

Supplantée par de nombreuses races et individus hybrides concurrents, l’abeille noire indigène est aujourd’hui en sursis. S’il existe encore des populations localement importantes, celles-ci sont souvent fortement mélangées. Désormais, seuls d’importants efforts de sélection et la création de conservatoires sont à même d’assurer une préservation durable de la race. L’association Mellifera œuvre depuis 1993 pour sa sauvegarde. Soutenue par différents organismes, comme Apisuisse, ProSpecieRara, l’Office fédéral de l’agriculture ou encore Agroscope, elle gère différentes stations de fécondation où naissent chaque année 5000 reines. L’accouplement ayant lieu en vol, l’élevage de ces reines est très contrôlé et ne peut avoir lieu dans des zones où vivent des faux bourdons (mâles) d’autres races. En Suisse alémanique, Glaris s’est engagé il y a une trentaine d’années dans la conservation d’Apis mellifera mellifera en interdisant tout autre élevage apicole. Le canton constitue aujourd’hui un véritable sanctuaire national de l’abeille noire. Une autre solution consiste à délimiter des territoires géographiquement périphériques réservés à son élevage. C’est le cas par exemple d’une zone située dans le val Müstair, aux Grisons, où l’association locale d’apiculteurs a établi un périmètre de protection de l’abeille noire.

+ D’infos www.mellifera.ch

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